La compositrice Noriko Baba et l’Ensemble Cairn tissent depuis longtemps maintenant un compagnonnage amical et artistique. Cairn était en 2008 le commanditaire d’une pièce pour 5 instruments, Bonbori et en 2022 il a créé au Festival Musica de Strasbourg de la pièce Bestiarium Musicale pour 7 instruments.
« Noriko Baba évoque deux événements marquants qui vont bousculer sa perception et l’amener à prendre conscience de son identité : elle se souvient d’abord du choc esthétique que fut le Pelléas et Mélisande de Bob Wilson auquel elle assiste à l’Opéra Garnier lors de son premier voyage en Europe. L’approche singulière de la lumière et le travail sur les ombres lui rappellent l’art de son pays : « Nous trouvons la beauté non pas dans la chose elle-même mais dans le motif de ses ombres, de la lumière et des ténèbres ; sans les ombres il n’y aurait pas de beauté », écrit Jun’ichirō Tanizaki dans son ouvrage Éloge de l’ombre (1933) que la compositrice aime citer. L’autre bouleversement est la rencontre avec Salvatore Sciarrino dont l’univers sonore aux marges du silence et la recherche extrêmement raffinée des couleurs l’interpellent. « Grâce à cette rencontre, j’ai commencé à élaborer un langage qui se focalise sur un bruit, une fugacité, une ombre dans l’intensité du noir sur chaque matériau et sur l’architecture globale d’une composition », souligne-t-elle, un travail qui l’amène à renouer avec ses origines japonaises. » [1] (Michèle Tosi)
C’est dans le désir grand de laisser trace de cette belle relation et cette reconnaissance mutuelle que l’Ensemble Cairn se lance à présent dans la réalisation d’un disque monographique autour des œuvres principales de Noriko Baba. Cette nouvelle aventure discographique rejoindra les beaux enregistrements réalisés ces dernières années des musiques de Jérôme Combier, Raphaël Cendo, Gérard Pesson, Tristan Murail.
Noriko Baba transfigure la banalité du détail. La moindre inflexion, le moindre souffle sont finement élaborés, et parfois marqués par une certaine de nostalgie lorsqu’on trouve dissimulés entre les notes des évocations musicales du passé, mais aussi par la familiarité des sons de notre environnement. Ses pièces font souvent référence à sa culture japonaise d’origine, autant à l’intimité d’un clair-obscur éclairé à la lanterne de papier (Bonbori) qu’au tumulte du tsunami de 2012 (Shiosai). [2]
[1] https://festivalmusica.fr/magazine/36/le-reve-lucide-de-noriko-baba
[2] https://festivalmusica.fr/documentation/editions/2022/manifestation/1838/bestiarium-musicale