Les Métamorphoses du Cercle

 Cécile Brossard, alto – Sylvain Julien, cerceaux – Karl Naegelen, compositions

Les Métamorphoses du cercle consacre la rencontre entre une musicienne et un jongleur de cerceaux. Le cercle c’est ici autant le mouvement ondulatoire dans lequel s’inscrit le corps du circassien que celui qu’opère l’altiste avec son instrument. Il y a le(s) cercle(s) visible(s) qu’anime Sylvain Julien avec son corps mais aussi avec son humour, nous faisant découvrir du même coup les territoires insoupçonnés du Hula hoop, passant de un à dix cerceaux sans sourciller. Et les cercles, invisibles ceux-là mais bien audibles, que dessine le son de Cécile Brossard qui nous entraîne de la musique baroque de Bach à une composition d’aujourd’hui de Karl Naegelen. Artistes aventuriers, chacun dans le territoire de l’autre, ils partagent le même espace du mouvement. Ces métamorphoses opèrent comme une variation sensible, un hommage à cette figure essentielle qu’est le cercle, métaphore du cycle de la vie.

Je vois s’élargir des cercles, j’entends le ronflement des sphères…

Flaubert, « La tentation de Saint-Antoine »

Programme musical 

Pièce d'introduction (K. Naegelen)

Allegro de la 3ème sonate (J.S Bach)

Version transformée de la 3ème sonate (K. Naegelen)

Largo de la 3ème sonate (J.S Bach)

Adagio transformé de la 3ème sonate (K. Naegelen)

Adagio de la 3ème sonate (J.S Bach)

Pièce conclusive (K. Naegelen)

Que l’on songe au Lied Gretchen am Spinnrade de Schubert et l’on ne pourra douter de la capacité proprement cinétique de la musique : sa propension à évoquer des images en mouvement. On est saisi par la manière dont le compositeur a su transformer le rouet en un motif musical entêtant que le piano égrène, support du chant pendant tout le Lied. Voilà pourquoi une musicienne jouant l’alto et un jongleur manipulant des cerceaux ont des choses à échanger : ils ont en commun le fertile territoire du mouvement. Les Métamorphoses du Cercle (titre emprunté au critique littéraire Georges Poulet), sont l’occasion d’une confrontation entre deux champs expressifs dans un même espace de rencontre : celui de la vitesse, du mouvement. Quitte à jouer de ces mouvements jusqu’au trop-plein, au dérèglement.

Le cercle

Hommage à la figure du cercle, dans sa possibilité d’extension ou de rétrécissement jusqu’au point. A ces forces, centripètes et centrifuges. Aux plis du Baroque (à travers des extraits d’une sonate pour alto de J.S Bach) mis en regard avec les convulsions d’œuvres nouvelles (de K. Naegelen) qui se développent autour d’un motif noyau tournoyant.
Évoquer la joie pure qui consiste à créer le mouvement autant qu’à se laisser conduire par lui, à élargir progressivement le cercle de nos sensations.

Ames d’enfants muettes encore
Qui, doucement, en cercle élargis,
Vont vers la vie

R. Maria Rilke

Précédent
Précédent

Préludes :: Ramon Lazkano / Frédéric Chopin

Suivant
Suivant

12 transformations d'un menuet de Mozart :: Gérard Pesson